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Darkweb

La récente salve de francisation de termes informatiques n’a pas fait que des heureux. Plusieurs voix se sont élevées contre l’institutionnalisation de fait de termes abscons, comme darkweb et deepweb dont l’existence même prête à polémique.

Autant un portail de messagerie (« webmail ») est un concept clair pour tous, autant les notions d’internet clandestin (« darkweb ») ou de toile profonde (« deepweb ») n’ont pas de réalité si tangible que ce qu’on veut bien nous faire croire.

Le cas des clandestins

Le Larousse nous apprend que clandestin peut signifier « qui se cache » mais aussi « qui contrevient à la loi ou qui se dérobe au contrôle ». Cela peut tout à fait s’appliquer à l’internet de Mme Michu, car nombre de sites web d’accès public contreviennent allègrement à plusieurs lois françaises : tel site d’un journal people qui reprend des clichés violant la vie privée de personnalités, tel autre qui diffuse de annonces liées à des escroqueries diverses (la bague qui guérit tout, le gain assuré au loto, l’augmentation de volume de [ce qu’on veut], la promesse de gains mirobolifiques sur des marchés financiers qu’on cache être extrêmement risqués), la vente d’armes sur Facebook ou Instagram, etc.

Par ailleurs, se dérober au contrôle est parfois une mesure salutaire notamment dans les pays (grands ou petits) où la censure sévit et où la clandestinité est la seule option permettant de vivre (ou survivre). Aller sur l’onionland ou utiliser des VPN est nécessaire à certains.

Sombre internet

D’après S. Bortzmeyer, la définition correcte de deepweb serait :

Concept débile, peu ou pas défini, flou, et qui ne sert qu’aux politiciens et journalistes sensationnalistes.

La définition officiellement retenue est :

Partie de la toile qui n’est pas accessible aux internautes au moyen des moteurs de recherche usuels.

Ce qui est sans aucun rapport avec la notion qu’on veut mettre dans ce deepweb peuplé uniquement de méchants qui se cachent pour comploter, car il y a un tas de raisons pour lesquelles les moteurs de recherche n’indexent pas : je prenais le cas d’un portail de messagerie, dont la quasi-totalité du contenu n’est accessible qu’à un utilisateur authentifié (et donc inaccessible aux moteurs de recherche). Ce portail de messagerie serait donc à classer dans le deepweb. Or consulter ce deepweb vous expose directement à l’excommunication ou à des poursuites pénales, bien entendu. Idem pour tous les sites utilisant un fichier robots.txt.

Deep ou dark ? Blanc ou noir ?

J’avoue moi-même ne plus bien réussir à faire la différence entre ces deux notions, tant elles sont floues. Une distinction plus simple et plus claire serait peut-être de parler d’activités légales ou d’activités illégales sur internet, quels que soient les moyens employés, puisqu’on peut vendre de la drogue sur l’internet « classique » et tenter de sauver sa famille sur l’internet « clandestin ». Toutefois, le darkweb désigne plus généralement :

Réseau accessible uniquement via des outils spécifiques, comme le navigateur Tor.

Après, Tor ou Freenet ne sont pas vraiment des réseaux séparés, puisqu’ils utilisent l’infrastructure d’internet. On parle de réseaux « overlays », qui se superposent sur des réseaux existants.

Internet n’est qu’une sorte de reflet des activités humaines : les truands se cachent, sauf parfois pour escroquer les gens ou faire leur business. Et les gens normaux sont parfois tentés d’être discrets pour de bonnes raisons. Le darkweb sera d’ailleurs peut-être la dernière solution pour tenter de garder un soupçon de vie privée.

The Dark Web Boundaries Are Not Always Clear, and Many Sites Fall in a Gray Area

Idan Aharoni on SecurityWeek.com

Sources

Articles externes

Rootkit

Un rootkit (en français : « outil de dissimulation d’activité »1) est un type de programme (ou d’ensemble de programmes ou d’objets exécutables) dont le but est d’obtenir et de maintenir un accès frauduleux (ou non autorisé) aux ressources d’une machine, de la manière la plus furtive et indétectable possible.

Le terme peut désigner à la fois la technique de dissimulation ou son implémentation (c’est-à-dire un ensemble particulier d’objets informatiques mettant en œuvre cette technique).

Historique

Le phénomène n’est pas nouveau : des programmes manipulant les logs système, tout en se dissimulant des commandes donnant des informations sur les utilisateurs (telles que who, w, ou last), sont apparus en 1989{{Lien web | url = http://www.sans.org/reading_room/whitepapers/honors/linux_kernel_rootkits_protecting_the_systems_1500?show=1500.php&cat=honors | titre = Linux kernel rootkits: protecting the system’s « Ring-Zero » | date = mars 2004 | éditeur = SANS Institute }} ; les premiers rootkits sur Linux et Solaris ont été rencontrés au début des années 19902 et ont été répertoriés en tant que tels en octobre 1994. Le projet chkrootkit, dédié au développement d’un outil de détection de rootkits pour les plateformes Solaris et HP-UX, a été démarré en 1997.

Il existe des rootkits pour la plupart des systèmes d’exploitation. En 2002, Securityfocus constatait déjà des évolutions et des progrès en matière de rootkit pour les plate-formes Windows. Un des premiers rootkits pour Mac OS X (WeaponX) est apparu en novembre 20043.

Certains rootkits peuvent être légitimes, pour permettre aux administrateurs de reprendre le contrôle d’une machine défaillante, pour suivre un ordinateur ayant été volé4, ou dans des outils comme Daemon Tools ou Alcohol 120%5. Mais aujourd’hui le terme n’évoque quasiment plus que des outils à finalité malveillante.

Mode opératoire

Contamination

La première phase d’action d’un rootkit consiste à chercher un accès au système, sans forcément que celui-ci soit un accès privilégié (ou en mode administrateur). La contamination d’un système peut avoir lieu de différentes façons, en utilisant les techniques habituelles des programmes malveillants. Les moyens les plus courants sont :

  • utilisation des techniques virales : un rootkit n’est pas un virus à proprement parler, mais il peut se transmettre par les techniques utilisées par les virus, notamment par un [[Cheval_de_Troie_(informatique)|cheval de Troie]]. Un virus peut avoir pour objet de répandre des rootkits sur les machines infectées (a contrario, un virus peut aussi utiliser les techniques de rootkits pour parfaire sa dissimulation) ;
  • mise en œuvre d’un [[Exploit_(informatique)|exploit]], c’est-à-dire l’exploitation d’une vulnérabilité de sécurité, à n’importe quel niveau du système : application, système d’exploitation, BIOS, etc. Cette mise en œuvre peut être le fait d’un virus, mais elle résulte aussi souvent de botnets qui réalisent des scans de machines pour identifier les failles et exploiter celles qui sont utiles à l’attaque ;
  • attaque par force brute, afin de profiter de la faiblesse des mots de passe de certains utilisateurs, et obtenir ainsi un accès au système.

Modification du système et dissimulation

Une fois la contamination effectuée et l’accès obtenu, la phase suivante du mode opératoire consiste en l’installation de l’ensemble des objets et outils nécessaires au rootkit. Il s’agit des objets permettant la mise en place de la charge utile du rootkit, s’ils n’ont pas pu être installés durant la phase de contamination, ainsi que les outils et les modifications nécessaires à la dissimulation.

Mise en place de la charge utile

Un [[botnet

permet d’avoir un accès sur des centaines de machines.]]

La charge utile est la partie active du rootkit (et de tout programme malveillant en général), dont le rôle est d’accomplir la (ou les) tâche(s) assignée au système. La charge utile permet d’avoir accès aux ressources de la machine infectée, et notamment :

  • CPU, pour décoder des mots de passe ou plus généralement pour effectuer des calculs distribués à des fins malveillantes ;
  • serveur de messagerie, pour envoyer des mails (pourriel ou spam) en quantité ;
  • ressources réseaux, pour servir de base de lancement pour des attaques diverses (déni de service, exploits) ou pour sniffer l’activité réseau ;
  • pilotes de périphériques, pour installer des enregistreurs de frappe ou keyloggers (par exemple) ;
  • accès à d’autres machines, par rebond ;
  • prise de contrôle total de la machine (par exemple en remplaçant le procédé de connexion, comme /bin/login sous Linux).

Certains rootkits sont utilisés pour l’exploitation de botnets, la machine infectée devenant alors une machine zombie, comme par exemple pour le botnet Srizbi6.

Dissimulation

Le rootkit cherchera également à « dissimuler » son activité. Ce procédé de dissimulation permet évidemment de minimiser le risque de découverte du rootkit, afin de profiter le plus longtemps possible de l’accès frauduleux. Une des caractéristiques principales d’un rootkit est donc sa faculté à se dissimuler, alors qu’un virus cherche principalement à se répandre, ces deux fonctions étant parfois jumelées pour une efficacité supérieure. Selon les cas, plusieurs méthodes peuvent être employées et combinées :

  • en ouvrant des portes dérobées, afin de pérenniser l’accès au système et permettre le contrôle de la machine, l’installation de la charge utile, etc27 ;
  • en cachant des processus informatiques ou des fichiers ; sous Windows, une technique consiste à modifier certaines clés de la base de registre ; sous Linux, on peut par exemple modifier les fichiers /usr/include/proc.h (processus à masquer) ou /usr/include/file.h (fichiers à masquer) ;
  • en remplaçant certains exécutables ou certaines librairies par des programmes malveillants et des chevaux de Troie, contrôlables à distance ;
  • en obtenant des droits supérieurs (par élévation des privilèges), afin de désactiver les mécanismes de défense ou pour agir sur des objets de haut niveau de privilèges ;
  • en utilisant des techniques de type « {{lang|en|Stealth by Design}} » (littéralement « furtif par conception »)8, à savoir implémenter à l’intérieur du rootkit des fonctions système afin de ne pas avoir à appeler les fonctions standards du système d’exploitation et ainsi éviter l’enregistrement d’événements système suspects ;
  • en détournant certains appels aux tables de travail utilisées par le système{{pdf}} {{Lien web |url=http://www.security-labs.org/fred/docs/sstic07-rk-article.pdf|titre=De l’invisibilité des rootkits : application sous Linux|auteur=E. Lacombe, F. Raynal, V. Nicomette|éditeur=CNRS-LAAS/Sogeti ESEC}} par [[Hook (informatique)|hooking]] ;
  • en effaçant physiquement toute trace d’activité, notamment dans les journaux de logs système, etc.

Niveau de privilège

Bien que le terme a souvent désigné des outils ayant la faculté à obtenir un niveau de privilège de type administrateur (utilisateur root) sur les systèmes Unix et Linux, un rootkit ne cherche pas obligatoirement à obtenir un tel accès sur une machine (par [[Élévation_des_privilèges|élévation de privilège]]), et ne nécessite pas non plus d’accès administrateur pour s’installer, fonctionner et se dissimuler9. Le programme malveillant Haxdoor10, même s’il était un rootkit du type noyau11 pour parfaire sa dissimulation, écoutait les communications sous Windows en mode utilisateur12 afin de tenter de capturer des identifiants avant cryptage, en interceptant les API de haut niveau.

Cependant, l'[[Élévation_des_privilèges|élévation de privilège]] est souvent nécessaire pour que le camouflage soit efficace : le rootkit peut utiliser certains [[Exploit_(informatique)|exploits]] afin de parfaire sa dissimulation en opérant à un niveau de privilège très élevé, pour atteindre des bibliothèques du système, des éléments du noyau, pour désactiver les défenses du système, etc.

Types

Il existe cinq types principaux de rootkits selon leur cible : les kits de niveau micrologiciel, hyperviseur, noyau, bibliothèque et applicatif.

Niveau micrologiciel/hardware

Il est possible d’installer des rootkits directement au niveau du micrologiciel (ou {{lang|en|firmware}}). De nombreux produits proposent désormais des mémoires flash, ce qui peut être utilisé pour implanter durablement du code13, en détournant par exemple l’usage d’un module de persistance souvent implanté dans le BIOS de certains systèmes.

Un outil légitime utilise d’ailleurs cette technique : LoJack, d’AbsolutSoftware4, qu’on trouve sur des ordinateurs portables car il permet ainsi de suivre un ordinateur à l’insu de l’utilisateur (en cas de vol). Ce code peut « survivre » à un changement de disque dur voire à un flashage du BIOS14 si le module de persistance est présent et actif. Tout périphérique disposant d’un tel type de mémoire est donc potentiellement vulnérable.

Une piste évoquée pour contrer ce genre de rootkit serait d’interdire l’écriture du BIOS (grâce à un cavalier sur la carte-mère ou par l’emploi d’un mot de passe) ou d’utiliser des EFI à la place du BIOS15, mais cette méthode reste à tester et à confirmer16.

Niveau hyperviseur

Ce type de rootkit se comporte comme un hyperviseur classique (de niveau 1) : après s’être installé et avoir modifié la séquence de démarrage, pour être lancé en tant qu’hyperviseur de la machine infectée au démarrage. Le système d’exploitation original se retrouve alors être un hôte (invité) du rootkit, lequel peut alors intercepter tout appel matériel. Il devient quasiment impossible à détecter depuis le système original.

Une étude conjointe de chercheurs de l’université du Michigan et de Microsoft ont démontré la possibilité d’un tel type de rootkit, qu’ils ont baptisé « {{lang|en|virtual-machine based rootkit}} » (VMBR)17. Ils ont pu l’installer sur un système Windows XP et sur un système Linux. Les parades proposées sont la sécurisation du boot, le démarrage à partir d’un média vérifié et contrôlé (réseau, CD-ROM, clé USB, etc) ou l’emploi d’un moniteur de machine virtuelle sécurisé.

Niveau noyau

Certains rootkits arrivent à s’implanter dans les couches du noyau du système d’exploitation soit dans le noyau lui-même, soit dans des objets exécutés avec un niveau de privilèges équivalent au système, ce qui est le cas pour certains pilotes de périphériques.

Sous Linux, il s’agit souvent de modules pouvant être chargés au niveau du noyau (modules de noyau chargeables, ou {{lang|en|loadable kernel modules}}), sous Windows de pilotes informatiques. Avec un tel niveau de privilèges, la détection et l’éradication du rootkit n’est souvent possible que de manière externe au système en redémarrant (en bootant) depuis un système sain, installé sur CD, sur une clé USB ou par réseau.

Ce type de rootkit est dangereux à la fois parce qu’il a acquis des privilèges élevés (il est alors plus facile de leurrer un logiciel de protection), mais aussi par les instabilités qu’il peut causer sur le système infecté comme cela a été le cas lors de la correction de la vulnérabilité MS10-01518, où des [[Écran_bleu_de_la_mort|écrans bleus]] sont apparus en raison d’un conflit entre cette correction et le fonctionnement du rootkit Alureon19.

Niveau bibliothèque

À ce niveau, le rootkit détourne l’utilisation de bibliothèques légitimes du système d’exploitation. Plusieurs techniques peuvent être utilisées :

  • en patchant un objet d’une bibliothèque, c’est-à-dire en ajoutant du code à l’objet en question ;
  • en détournant l’appel d’un objet (« hooking »), ce qui revient à appeler une autre fonction puis à revenir à la fonction initiale ;
  • en remplaçant des appels système par une version spécifique, ce qui correspond à remplacer l’appel système initial par du code malveillant.

Ce type de rootkit est assez fréquent, mais il est aussi le plus facile à contrer, notamment par un contrôle d’intégrité des fichiers essentiels en surveillant leur empreinte grâce à une fonction de hachage, par détection de signature du programme malveillant, ou par exemple par examen des {{lang|en|hooks}} par des outils comme unhide sous Linux ou HijackThis sous Windows.

Niveau applicatif

Un rootkit applicatif implante des programmes malveillants de type [[Cheval_de_Troie_(informatique)|cheval de Troie]], au niveau utilisateur. Ces programmes prennent la place de programmes légitimes ou en modifient le comportement, afin de prendre le contrôle des ressources accessibles par ces programmes.

Exemples

Rootkits Sony

À deux reprises, Sony a été confronté à la présence masquée de rootkits dans ses produits : dans ses clés usb biométriques20 et dans son composant de gestion numérique des droits (DRM)2122 présent notamment sur ses CD audio. Ce rootkit possède lui-même des failles qui peuvent être exploitées.

Ces affaires ont fait un tort important à Sony, aussi bien pour sa respectabilité que financièrement. Dans plusieurs pays, Sony a été poursuivi en justice et obligé de reprendre les CD contenant un rootkit et de dédommager les clients23.

Voir aussi : [[:en:Sony BMG CD copy protection scandal|Sony BMG CD copy protection scandal]].

Exploitation de la vulnérabilité de LPRng

Le CERTA (Centre d’Expertise Gouvernemental de Réponse et de Traitement des Attaques informatiques) a publié, dans une note d’information, l’analyse d’une attaque ayant permis d’installer un rootkit (non identifié), n’utilisant à l’origine qu’une seule faille (répertoriée CERTA-2000-AVI-08724) qui aurait pu être stoppée soit par la mise-à-jour du système, soit par le blocage d’un port spécifique grâce à un pare-feu25.

Cette attaque a été menée en moins de deux minutes. L’attaquant a identifié la vulnérabilité, puis envoyé une requête spécialement formée sur le port 515 (qui était le port exposé de cette vulnérabilité) pour permettre l’exécution d’un code arbitraire à distance. Ce code, nommé « SEClpd », a permis d’ouvrir un port en écoute (tcp/3879) sur lequel le pirate est venu se connecter pour déposer une archive (nommée rk.tgz, qui contenait un rootkit) avant de la décompresser et de lancer le script d’installation.

Ce script a fermé certains services, installé des [[Cheval_de_Troie_(informatique)|chevaux de Troie]], caché des processus, envoyé un fichier contenant les mots de passe du système par mail, et il a même été jusqu’à corriger la faille qui a été exploitée, afin qu’un autre pirate ne vienne pas prendre le contrôle de la machine.

Prévention

Moyens de détection

La mise en œuvre de la détection peut parfois demander un examen du système ou d’un périphérique suspect en mode « inactif » (démarrage à partir d’un système de secours ou d’un système réputé sain), selon le type de rootkit. Les moyens de détection peuvent être :

Le calcul régulier des empreintes de fichiers sensibles permet de détecter une modification inattendue.
  • contrôle de l’intégrité des fichiers : on cherche à détecter toutes modifications des fichiers sensibles (bibliothèques, commandes systèmes, etc)8 en vérifiant régulièrement leur intégrité, en calculant pour chacun d’eux leur empreinte : toute modification inattendue de cette somme indiquera une modification du fichier et une contamination potentielle. Cela demande cependant une analyse car tout système subit aussi des modifications légitimes (comme lors des mises-à-jour du système) ; idéalement, l’outil de contrôle aura la possibilité d’accéder à une base de référence de ces sommes de contrôles, qui variera donc en fonction du système et des versions utilisées (comme rkhunter, par exemple) ;
  • détection de leur signature spécifique : il s’agit du procédé classique d’analyse de signature, comme cela se fait pour les virus. On cherche à retrouver dans le système la trace d’une infection, soit directement (signature des objets du rootkit), soit par le vecteur d’infection (virus utilisé par le rootkit)8 ;
Le hooking consiste à détourner un appel de fonction légitime par un autre qui contient du code malveillant.
  • analyse des appels systèmes : cette technique consiste à analyser la table des appels système, les tables d’interruption (ou Interrupt Descriptor Table)2627 et de manière générale les tables de travail utilisées par le système par des outils comme HijackThis qui permettent de voir si ces appels sont détournés ou non, par exemple en comparant ce qui est chargé en mémoire avec les données brutes de bas niveau (ce qui est écrit sur le disque) ;
  • analyse des flux réseau anormaux : cette analyse28 permet de détecter une surcharge ou une utilisation de ports logiciels inhabituels qui peut être observée à partir de la contamination de la machine, grâce aux traces issues d’un pare-feu ou grâce à un outil spécialisé. Il est également possible de faire une recherche des ports logiciels ouverts et de la comparer à ce que connaît le système, avec des outils d’investigation comme unhide-tcp. Toute différence peut être considérée comme anormale. Il existe cependant des moyens de dissimulation réseau, comme de la stéganographie ou l’utilisation de canaux cachés, qui rend la détection directe impossible, et seule une analyse statistique peut éventuellement répondre à cette difficulté29 ;
  • analyse des logs système : ce type d’analyse30 automatisée s’appuie sur le principe de corrélation, avec des outils de type HIDS qui disposent de règles paramétrables31 pour distinguer les événements anormaux et mettre en relation des événements systèmes distincts, sans rapport apparent ou différés dans le temps ;
  • analyse de la charge système : une surveillance continue peut mettre en évidence un surcharge, à partir de la contamination de la machine. Il s’agit essentiellement d’une analyse statistique de la charge habituelle d’une machine, comme le nombre de mails sortants ou la charge CPU. Toute modification (en surcharge) sans cause apparente est suspecte, mais cela demandera une analyse complémentaire pour écarter toute cause légitime (mise-à-jour du système, installation de logiciels, etc).
  • recherche d’objets cachés, tels que des processus informatiques, des clés de registre, des fichiers, etc. Des outils comme unhide sous Linux réalisent cette tâche pour les processus. Sous Windows, des outils comme RootkitRevealer recherchent les fichiers cachés en listant les fichiers via l’API normale de Windows puis en comparant cette liste à une lecture physique du disque ; tout fichier caché (à l’exception des fichiers légitimes connus de Windows, tels que les fichiers métadata de NTFS comme $MFT ou $Secure) est alors suspect32.

Moyens de protection et de prévention

Les moyens de détection peuvent également servir à la prévention, même si celle-ci sera toujours postérieure à la contamination. D’autres mesures en amont peuvent limiter l’installation d’un rootkit33 :

  • correction des failles par mise-à-jour de l’OS : cela permet de réduire la surface d’exposition du système en éliminant le temps où une faille est présente sur le système34 et dans les applications30, afin de prévenir les [[Exploit_(informatique)|exploits]] pouvant être utilisés pour la contamination ;
  • utilisation d’un pare-feu : cela fait partie des bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité informatique, et se révèle efficace dans le cas des rootkits273034 car cela empêche des communications inattendues (téléchargements de logiciel, dialogue avec un centre de contrôle et de commande d’un botnet, etc.) dont ont besoin les rootkits ;
  • utilisation d’outil de prévention de type HIPS : ces outils30, de type logiciel ou appliance, répondent dès qu’une alerte est suspectée, en bloquant des ports ou en interdisant la communication avec une source (adresse IP) douteuse, ou toute autre action appropriée. La détection sera d’autant meilleure que l’outil utilisé sera externe au système examiné, puisque certains rootkit peuvent atteindre des parties de très bas niveau dans le système, jusqu’au BIOS même. Un des avantages de ces outils est l’automatisation des tâches de surveillance8 ;
  • contrôle d’intégrité des fichiers : des outils spécialisés existent pour remplir cette tâche, et peuvent produire des alertes lors de modifications inattendues. Cependant, ce contrôle à lui seul seul est insuffisant si d’autres mesures préventives ne sont pas mises en œuvre, si aucune réponse du système n’est déclenchée, ou si ces différences ne sont pas analysées. Les HIPS/HIDS, ainsi que certains outils anti-rootkits comme rkhunter peuvent interpréter ces contrôles via une base de sommes de contrôle (pour des versions connues de systèmes d’exploitation) ou par corrélation ;
attaque par force brute

.]]

  • renforcement de la robustesse des mots de passe : il s’agit là encore d’une des bonnes pratiques de sécurité informatique, qui éliminera une des sources principales de contamination. Des éléments d’authentification triviaux sont des portes ouvertes pour tous type d’attaque informatique ;
  • démarrage du système à partir d’une image saine : le démarrage à partir d’une image saine, contrôlée et réputée valide du système d’exploitation, via un support fixe (comme un LiveCD, une clé USB) ou par réseau, permet de s’assurer que les éléments logiciels principaux du système ne sont pas compromis, puisqu’à chaque redémarrage de la machine concernée, une version valide de ces objets est chargée. Un système corrompu serait donc remis en état au redémarrage (sauf dans le cas de rootkit ayant infecté le BIOS, qui ne sera lui pas rechargé automatiquement) ;
  • moyens de protection habituels : {{citation étrangère |lang=en |Do everything so that attacker doesn’t get into your system}}29. Tous les moyens habituels et classiques de protection d’un système informatique sont utiles, tels que [[Durcissement_(informatique)|durcissement du système]]27, filtrages applicatifs (type mod_security), utilisation de programmes antivirus2734 pour minimiser la surface d’attaque et surveiller en permanence les anomalies et tentatives de contamination, sont bien sûr à mettre en œuvre pour éviter la contamination du système et l’exposition aux [[Exploit (informatique)|exploits]].

Windows 10

Microsoft a travaillé pour rendre l’installation de rootkits plus difficile. Leur travail a porté ses fruits, mais être mieux protégé ne signifie pas être totalement protégé, car un malware (Zacinlo) présent à 90%35 sur des machines Windows a réussi à assurer sa persistance grâce à un rootkit.

Outils et programmes de détection

Bien que les rootkits existent depuis un certain temps, l’industrie de la sécurité informatique ne les a pris en compte (en masse) que récemment, les virus puis les chevaux de Troie accaparant l’attention des éditeurs. Il existe cependant quelques programmes de détection et de prévention spécifiques à Windows, tels que Sophos Anti-Rootkit, ou AVG Anti-Rootkit. Sous Linux, on peut citer rkhunter et chkrootkit ; plusieurs projets open-source existent sur Freshmeat et Sourceforge.net.

Aujourd’hui, il reste difficile de trouver des outils spécifiques de lutte contre les rootkits, mais heureusement leur détection et leur prévention sont de plus en plus intégrées dans les HIPS et même dans les anti-virus classiques, lesquels sont de plus en plus obligés de se transformer en suites de sécurité pour faire face à la diversité des menaces ; ils proposent en effet de plus en plus souvent des protections contre les rootkits, comme Avast, AVG 8.0 ou Microsoft Security Essentials.

Liens externes

{{Portage}}

Serveur FTP

Pour mettre en œuvre un serveur FTP, il faut penser à quelques éléments de sécurité. Par exemple :

  • Cloisonner les utilisateurs
  • Interdire les shells
  • Contrôler la provenance des requêtes

Pure-FTPd

Il existe plusieurs serveurs FTP possibles. J’ai choisi pure-ftpd qui m’a l’air léger (~800 ko) et robuste.

Pour créer un utilisateur sous Linux :

Créer l’utilisateur Linux lui-même, de préférence sans accès au shell

$ sudo useradd ftpusr -g ftpaccess -s /usr/sbin/nologin -d /home/ftp
$ sudo pure-pw useradd ftpusr -u ftpusr -g ftpaccess -d /home/ftp
$ sudo pure-pw mkdb

Dans la commande pure-pw useradd, utilisez l’option -r si possible, laquelle indique l’hôte depuis lequel l’utilisateur peut se connecter. Il faut aussi penser à ajouter le nologin dans la liste des shells (merci), sinon on obtient une erreur 530 bien difficile à corriger…

$ echo '/usr/sbin/nologin' >> /etc/shells

Pour pure-ftpd, on peut configurer le serveur via différents fichiers présents dans le répertoire /etc/pure-ftpd/conf.

$ ll 
total 56
drwxr-xr-x 2 root root 4096 Aug 29 18:40 ./
drwxr-xr-x 5 root root 4096 Aug 29 18:35 ../
-rw-r--r-- 1 root root 36 Oct 29 2012 AltLog
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 17:57 Daemonize
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 17:57 DontResolve
-rw-r--r-- 1 root root 6 Oct 29 2012 FSCharset
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 17:55 IPV4Only
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 17:56 KeepAllFiles
-rw-r--r-- 1 root root 2 Aug 29 17:56 MaxClientsNumber
-rw-r--r-- 1 root root 5 Oct 29 2012 MinUID
-rw-r--r-- 1 root root 4 Oct 29 2012 NoAnonymous
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 18:36 PAMAuthentication
-rw-r--r-- 1 root root 28 Oct 29 2012 PureDB
-rw-r--r-- 1 root root 4 Aug 29 18:40 UnixAuthentication

Pour pure-ftpd, chaque fichier contient des informations de configurations. Par exemple, mettre yes dans le fichier NoAnonymous si vous voulez interdire les accès anonymes, ce qui est souvent préférable.

Passage en FTPS

Paramétrage TLS

Il faut d’abord forcer le passage par SSL/TLS via la commande :

$ echo 2 | sudo tee /etc/pure-ftpd/conf/TLS

Vérifiez ensuite les protocoles autorisés, et si vous utilisez ce serveur pour un usage personnel, visez haut et récent dans les protocoles autorisés.

$ cat TLSCipherSuite 
ALL:!aNULL:!SSLv3
Certificat
$ sudo apt install letsencrypt 
$ sudo letsencrypt certonly --agree-tos --email mail -d domaine

Le certificat et la clé privée utilisés doivent être placés dans un fichier unique nommé pure-ftpd.pem et placé dans le répertoire /etc/ssl/private/.

$ sudo cat /etc/letsencrypt/archive/domaine/cert.perm \ 
/etc/letsencrypt/live/ftp.iku.fr/privkey.pem > /etc/ssl/private/pure-ftpd.pem

Le serveur pure-ftpd doit ensuite être redémarré.
xx

  • https://www.howtoforge.com/how-to-configure-pureftpd-to-accept-tls-sessions-on-ubuntu-10.10
  • https://www.linuxbabe.com/linux-server/secure-ftp-server-pure-ftpd-ubuntu-16-04

Sources

  • https://doc.ubuntu-fr.org/pure-ftp
  • https://www.pureftpd.org

L’informatique, c’est physique

Je suis un des premiers à le reconnaître, mais j’avais oublié que l’informatique était un objet éminemment physique. A l’ère du tout numérique et de la dématérialisation à tout va, à une époque où on se demande où sont stockées nos données (car bien souvent on ne le sait pas), j’ai suivi une présentation très intéressante au cours du FIC 2018 faite par un géographe, chercheur à l’université (ref), qui nous a remis à l’esprit que derrière l’immatérialité apparente de l’informatique il y avait une réalité bien tangible.

Cette réalité prenait forme d’une très éclairante approche cartographique du cyberespace, au sens très large.

Réalité contre projection

Le cyberespace est d’abord une construction physique, informatique, faite de machines et de câbles désormais répartis partout tout le monde réel.

Ensuite, ce cyberespace sert bien à quelque chose : tout comme l’informatique, il sert à manipuler et interagir sur une projection (une représentation) d’idées et de concepts, dont la plupart sont liés à notre monde réel (mais pas forcément). Si l’informatique a servi dans un premier temps à nous aider à accomplir ou accompagner des tâches réelles (techniques, scientifiques, professionnelles), son évolution a conduit à être utilisée pour interagir avec des objets chimériques ou imaginaires. Un exemple simple de cela est ce que peut représenter un jeu vidéo, qui représente un univers purement imaginaire.

L’idée n’est pas ici de différencier l’usage de l’informatique et du cyberespace en réel ou imaginaire, le fait est qu’on utilise l’informatique et que le contenu traité nous importe. Or comme il nous importe, il est également important d’examiner cet outil qui, bien que traitant d’immatériel (une projection de notre monde ou des concepts), il s’appuie sur des équipements physiques dont l’usage, la géographie et le contrôle sont des enjeux désormais stratégiques, au niveau des Etats.

Exemple de la Géorgie (guerre 2008, rachat d’un opérateur câble).

Cartographie du passage des flux. Tbilissi est plus proche de Sofia que de l’Abkhazie.

Importance militaire et stratégique (coupure en Géorgie et en Crimée).

En cas d’incident

Difficile de donner des consignes générales en cas d’incident. Le CERT-FR a tenté l’exercice avec une infographie assez générique, plutôt destinée aux petites structures1.

Toutefois, dans le cas d’un ransomware, la meilleure solution est d’éteindre immédiatement la machine.

En cas de découverte d’une faille, il est normalement obligatoire de le déclarer en bonne et due forme.2.

NFC

NFC est un acronyme pour Near Field Communication, dont je laisse la description aux spécialistes (ou aux amateurs, selon les points de vue) de wikipedia. Il s’agit d’une technologie radio qui peut être utilisée pour l’échange de données informatiques sans contact, à courte distance.

Dans le milieu où j’évolue (la banque), on redoute les concurrents de type fintechs tout en cherchant à rester en tête de l’innovation. Le NFC a évidemment alimenté les discussions, pour ne pas rater le coche, mais il est souvent judicieux d’attendre un peu avant de se lancer tête baissée dans une technologie, surtout quand elle peine à décoller : les nombreuses expérimentations menées en France ne sont guère convaincantes, et même Gartner qui fait souvent montre d’optimisme, a un avis très mesuré sur cette technologie1.

Pire : fin 2015, un an après le lancement d’un service basé sur le NFC, Apple lui-même semble échouer à faire adopter cette technologie2, principalement en raison de l’usage peu naturel pour les utilisateurs d’un téléphone comme moyen de paiement. Les banques, pourtant, ont tendance à considérer les smartphones comme le Graal des futurs moyens de paiement. Graal ? Peut-être. Mais pas tout de suite. Un autre frein à l’adoption, probablement moins important mais sans doute assez présent, est le niveau de sécurité de la technologie.

NFC : est-ce sûr ou pas ?

Comme souvent, ce n’est pas la technologie en elle-même qui possède des faiblesses (bien que cela puisse arriver), c’est plutôt la manière dont on l’utilise et dont on la met en œuvre qui est perfectible. Or pour le NFC, comme pour l’internet des objets, tout le monde ne jure que par l’usage et l’adoption, sans penser sécurité, alors que pourtant ce point est crucial pour l’adoption d’un moyen de paiement. Et tôt ou tard on s’en mordra les doigts… Or même les grands opérateurs sont parfois légers sur le sujet3. Les premières attaques seraient déjà en cours (attaque réelle ou proof-of-concept sur un utilisateur ciblé ?)4.

Références

  • http://www.zdnet.fr/actualites/apple-pay-aurait-deja-vecu-son-age-d-or-39824616.htm
  • http://www.gartner.com/newsroom/id/2846017

Botnet

Un botnet est un ensemble de bots informatiques qui sont reliés entre eux. Historiquement, ce terme s’est d’abord confondu avec des robots IRC (bien que le terme ne se limitait pas à cet usage spécifique), qui était un type de botnet particulier servant sur les canaux IRC.

Usage légitime

Sur IRC, leur usage est de gérer des canaux de discussions, ou de proposer aux utilisateurs des services variés, tels que des jeux, des statistiques sur le canal, etc. Être connectés en réseau leur permet de se donner mutuellement le statut d’opérateur de canal de manière sécurisée, de contrôler de manière efficace les attaques par flood ou autres. Le partage des listes d’utilisateurs, de bans, ainsi que de toute sorte d’informations, rend leur utilisation plus efficace.

Il existe d’autres usages légitimes de botnets, comme l’indexation web : le volume des données à explorer et le nécessaire usage de parallélisation impose l’usage de réseaux de bots.

Dérives et usages malveillants

Les premières dérives sont apparues sur les réseaux IRC1 : des botnets IRC (Eggdrop en décembre 1993, puis GTbot en avril 1998) furent utilisés lors d’affrontements pour prendre le contrôle du canal.

Aujourd’hui, ce terme est très souvent utilisé pour désigner un réseau de machines zombies, car l’IRC fut un des premiers moyens utilisés par des réseaux malveillants pour communiquer entre eux, en détournant l’usage premier de l’IRC. Le premier d’entre eux qui fut référencé a été W32/Pretty.worm2, appelé aussi PrettyPark, ciblant les environnements Windows 32 bits, et reprenant les idées d’Eggdrop et de GTbot. A l’époque, ils ne furent pas considérés comme très dangereux, et ce n’est qu’à partir de 2002 que plusieurs botnets malveillants (Agobot, SDBot puis SpyBot en 2003) firent parler d’eux et que la menace prit de l’ampleur.

Toute machine connectée à internet est susceptible d’être une cible pour devenir une machine zombie : des réseaux de botnets ont été découverts sur des machines Windows, Linux, mais également sur des Macintosh, voire consoles de jeu3 ou des routeurs4.

Usages principaux des botnets malveillants

La caractéristique principale des botnets est la mise en commun de plusieurs machines distinctes, parfois très nombreuses, ce qui rend l’activité souhaitée plus efficace (puisqu’on a la possibilité d’utiliser beaucoup de ressources) mais également plus difficile à stopper.

Usages des botnets

Les botnets malveillants servent principalement à :

  • Relayer du spam pour du commerce illégal ou pour de la manipulation d’information (par exemple des cours de bourse) ;
  • Réaliser des opérations de phishing ;
  • Identifier et infecter d’autres machines par diffusion de virus et de programmes malveillants (malwares) ;
  • Participer à des attaques groupées (DDoS)5 ;
  • Générer de façon abusive des clics sur un lien publicitaire au sein d’une page web (fraude au clic) ;
  • Capturer de l’information sur les machines compromises (vol puis revente d’information) ;
  • Exploiter la puissance de calcul des machines ou effectuer des opérations de calcul distribué notamment pour cassage de mots de passe ;
  • Servir à mener des opérations de commerce illicite en gérant l’accès à des sites de ventes de produits interdits ou de contrefaçons via des techniques de fast-flux, single ou double-flux ou RockPhish6 ;
  • Miner de la cryptomonnaie ;
  • Voler des sessions par credential stuffing.

Motivation des pirates

Motivation économique

L’aspect économique est primordial : la taille du botnet ainsi que la capacité d’être facilement contrôlé sont des éléments qui concourent à attirer l’activité criminelle, à la fois pour le propriétaire de botnet (parfois appelé « botherder » ou « botmaster ») que pour les utilisateurs, qui la plupart du temps louent les services d’un botnet pour l’accomplissement d’une tâche déterminée (envoi de pourriel, attaque informatique, déni de service5, vol d’information, etc). En avril 2009, un botnet de 1 900 000 machines7 mis au jour par la société Finjian engendrait un revenu estimé à {{formatnum:190000}} dollars par jour à ses « botmasters »8.

Motivation idéologique

En dehors de l’aspect économique, les attaques informatiques peuvent devenir une arme de propagande ou de rétorsion, notamment lors de conflits armés ou lors d’événements symboliques. Par exemple, lors du conflit entre la Russie et la Géorgie en 2008, le réseau géorgien a été attaqué sous de multiples formes (pour le rendre indisponible ou pour opérer à des défacements des sites officiels)9. En 2007, une attaque d’importance contre l’Estonie a également eu lieu10 : la motivation des pirates serait le déplacement d’un monument en hommage aux soldats russes du centre de la capitale estonienne11.

Motivation personnelle

La vengeance ou le chantage peuvent également faire partie des motivations des attaquants, sans forcément que l’aspect financier soit primordial : un employé mal payé12 ou des joueurs en ligne défaits3 peuvent chercher à se venger de l’employeur ou du vainqueur du jeu.

Architecture d’un botnet

Mode actuel de communication des botnets

Via canal un canal de commande et contrôle (C&C)

  • Canaux IRC13 (le premier historiquement), souvent sur un canal privé.

Via des canaux décentralisés

  • P2P61413, pour ne plus dépendre d’un nœud central ;
  • HTTP613 (parfois via des canaux cachés15), ce qui a pour principal avantage de ne plus exiger de connexion permanente comme pour les canaux IRC ou le P2P mais de se fondre dans le trafic web traditionnel ;
  • Fonctions du Web 2.013, en faisant une simple recherche sur certains mots-clés afin d’identifier les ordres ou les centres de commandes auxquels le réseau doit se connecter16.

Cycle de vie

Un botnet comporte plusieurs phases de vie117. Une conception modulaire lui permet de gérer ces plusieurs phases avec une efficacité redoutable, surtout dès que la machine ciblée est compromise. La phase d’infection est bien évidemment toujours la première, mais l’enchaînement de ces phases n’est pas toujours linéaire, et dépendent de la conception du botnet.

Infection de la machine

C’est logiquement la phase initiale. La contamination passe souvent par l’installation d’un outil logiciel primaire, qui n’est pas forcément l’outil final. Cette contamination de la machine utilise les mécanismes classiques d’infection :

Activation

Une fois installée, cette base logicielle peut déclarer la machine à un centre de contrôle, qui la considèrera alors comme active. C’est une des clés du concept de botnet, à savoir que la machine infectée peut désormais être contrôlée à distance par une (ou plusieurs) machine tierce. Dans certains cas, d’autres phases sont nécessaires (auto-protection, mise-à-jour, etc) pour passer en phase opérationnelle.

Mise-à-jour

Une fois la machine infectée et l’activation réalisée, le botnet peut se mettre-à-jour, s’auto-modifier, ajouter des fonctionnalités, etc. Cela a des impacts importants sur la dangerosité du botnet, et sur la capacité des outils de lutte à enrayer celui-ci, car un botnet peut ainsi modifier sa signature virale et d’autres caractéristiques pouvant l’amener à être découvert et identifié.

Auto-protection

D’origine, ou après une phase de mise-à-jour, le botnet va chercher à s’octroyer les moyens de continuer son action ainsi que des moyens de dissimulation. Cela peut comporter :

  • Installation de rootkits ;
  • Modification du système (changement des règles de filtrage réseau, désactivation d’outils de sécurité, etc) ;
  • Auto-modification (pour modifier sa signature) ;
  • Exploitation de failles du système hôte, etc.

Propagation

La taille d’un botnet est à la fois gage d’efficacité et de valeur supplémentaire pour les commanditaires et les utilisateurs du botnet. Il est donc fréquent qu’après installation, la machine zombie va chercher à étendre le botnet :

  • Par diffusion virale, souvent au cours d’une campagne de spam (liens web, logiciel malveillant en PJ, etc)
  • Par scan :
    •  Pour exploiter des failles qu’il saura reconnaître ;
    • Pour utiliser des backdoors connues ou déjà installées ;
    • Par réaliser des attaques par force brute, etc.

Phase opérationnelle

Une fois installé, et déclaré, la machine zombie peut obéir aux ordres qui lui sont donnés pour accomplir les actions voulues par l’attaquant (avec, au besoin, installation d’outils complémentaires via une mise-à-jour distante) :

  • Envoi de spam;
  • Attaques réseau ;
  • Participation au service de serveur DNS dynamique, ou DDNS (fast flux) ;
  • Utilisation des ressources systèmes pour du calcul distribué (cassage de mot de passe), etc

Illustration d’un exemple de botnet

Voici le principe de fonctionnement d’un botnet servant à envoyer du pourriel :

  1. Le pirate tente de prendre le contrôle de machines distantes, par exemple avec un virus, en exploitant une faille ou en utilisant un cheval de Troie.
  2. Une fois infectées, les machines vont terminer l’installation ou prendre des ordres auprès d’un centre de commande, contrôlé par le pirate, qui prend donc ainsi la main par rebond sur les machines contaminées (qui deviennent des machines zombies).
  3. Une personne malveillante loue un service auprès du pirate.
  4. Le pirate envoie la commande aux machines infectées (ou poste un message à récupérer, selon le mode de communication utilisé). Celles-ci envoient alors des courriers électroniques en masse.

Taille des botnets

Il est extrêmement difficile d’avoir des chiffres fiables et précis, puisque la plupart des botnets ne peuvent être détectés qu’indirectement. Certains organismes comme shadowserver.org tentent d’établir des chiffres à partir de l’activité réseau, de la détection des centres de commandes (C&C), etc.

Nombre de réseaux (botnets)

Au mois de février 2010, on estimait qu’il existait entre {{formatnum:4000}} et {{formatnum:5000}} botnets actifs18. Ce chiffre est à considérer comme une fourchette basse, puisque les botnets gagnent en furtivité et que la surveillance de tout le réseau internet est impossible.

Taille d’un réseau

La taille d’un botnet varie mais il devient courant qu’un réseau puisse comprendre des milliers de machines zombies. En 2008, lors de la conférence RSA, le top 10 des réseaux comprenait de 10 000 à 315 000 machines, avec une capacité d’envoi de mail allant de 300 millions à 60 milliards par jour (pour Srizbi, le plus important botnet à cette date)1920.

En 2018, l’activité des botnets se concentrait sur deux grands réseaux : Necurs et Gatmut. Pour McAfee, ils sont à eux seuls responsables de 97 % du trafic des réseaux de robots (botnets) de spam21 au 4e trimestre 2018.

Nombre total de machines infectées

Dans son rapport de 2009, la société MessageLabs estime également que 5 millions de machines20 sont compromises dans un réseau de botnets destiné au spam.

Botnets de tous pays, unissez-vous !

La dernière mode dans le monde des botnets est de s »unir, car il est bien connu que l’union fait la force. La difficulté croissante pour effectuer des fraudes bancaires pousserait les criminels à combiner leurs forces22 afin de disposer de plusieurs méthodes de capture de données, ainsi que pour compromettre de façon plus efficace les cibles.

Lutte contre l’action des botnets

La constitution même d’un botnet, formé parfois de très nombreuses machines, rend la traçabilité des actions et des sources délicate. Plus le botnet est grand, plus il devient également difficile de l’enrayer et de l’arrêter puisqu’il faut à la fois stopper la propagation des agents activant le botnet et nettoyer les machines compromises.

Les anciennes générations s’appuyaient souvent sur un centre de contrôle centralisé ou facilement désactivable (adresse IP fixe pouvant être bannie, canal IRC pouvant être fermé, etc). Désormais, le pair à pair permet une résilience du système de communication, et les fonctions Web 2.0 détournées rendent l’interception très complexe : le botnet recherche un mot clé sur le web et l’utilise pour déterminer l’emplacement du centre de contrôle auprès duquel il doit recevoir ses ordres.

Détection

  • Empreintes
  • Observation du trafic
  • Analyse de logs

Prévention

  • Liste noires
    • RBL
    • DNSBL
  • Mesures habituelles de protection du réseau (cloisonnement, restrictions, etc)
  • Mesures habituelles de protection des machines (anti-virus, HIDS/HIPS, mot de passe, gestion des droits utilisateurs, anti-spam, gestion des mises-à-jour, etc)

Examples

L’évolution probable des botnets

BITB (Botnet In The Browser)

Les futurs botnets pourraient évoluer dans leur architecture avec l’arrivée d’HTML5 : les nouvelles fonctionnalités offertes par la nouvelle spécification HTML pourrait permettre de réaliser des botnets d’une nouvelle nature, à l’intérieur même d’un navigateur web (et non plus codé en dur et installé sur une machine)23.

Il est également fort probable de les voir continuer à exister, persistants en dépit de efforts réalisés pour les éradiquer (comme le botnet Satori)24 : ils exploiteront toute faille pouvant être exploitée à grande échelle, dans les réseaux traditionnels mais aussi les smartphones ou les objets connectés.

Les objets connectés

Merci à eux, objets si nombreux, et si peu sécurisés. On a trouvé traces d’objets connectés dans des botnets dès 201325, mais depuis 2016, ils ont commencé à représenter une véritable menace en raison de la facilité de leur prise de contrôle, alors que leurs capacités suffisaient pour construire une attaque réseau puissante, les attaques DDoS dont l’origine était un botnet d’objets connectés pouvant atteindre le Tb/s, c’est-à-dire la limite technique des structures d’absorption à la même époque. L’hébergeur OVH en a subi les conséquences et a communiqué26 sur le sujet afin d’alerter les spécialistes sur ce risque. En 2018, la chasse au botnet représentait toujours un travail conséquent27 pour l’hébergeur.

Conférences et action coordonnée

A vue de l’importance des dégâts des botnets, et de leur répartition autour du globe, une action coordonnée est souvent le seul moyen de diminuer significativement l’activité d’un botnet. Le sujet a également pris suffisamment d’ampleur et d’importance que des conférences sont dédiées à ce problème, telle que la BotConf qui existe depuis 2013.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes