Les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies, en tout cas pas au sens légal du terme. Il s’agit de systèmes d’échange, basé sur des blockchains, On parle aussi de monnaies virtuelles.
Fonctionnement
Le fonctionnement est assez simple : un utilisateur détient un ou plusieurs portefeuilles, pour une cryptomonnaie donnée, et chaque portefeuille détient un certain nombre d’unités de valeur de cette cryptomonnaie.
Pour échanger des valeurs entre deux utilisateurs, il suffit d’inscrire la transaction dans la blockchain de la cryptomonnaie. Une fois que cette transaction est validée selon les règles de la chaîne, elle devient irréfutable (non répudiable), à la manière d’un livre de comptabilité : la seule façon d’annuler la transaction est de contre-passer celle-ci (réaliser la transaction inverse).
Validation des transactions
Il existe plusieurs façons de valider une transaction, ou un bloc contenant un ensemble de transactions.
Preuve de travail
La preuve de travail est à la base du bitcoin et de nombreuses cryptomonnaies. Pour valider un bloc (un ensemble de données) d’une chaîne, on lui attribue une signature. Pour le bitcoin, c’est un hash informatique qui a une forme déterminée (un nombre défini de 0).
Obtenir un hash avec de nombreux 0 est difficile car il n’y a aucune règle pour l’obtenir : il faut essayer différentes combinaisons, ce qui nécessite de nombreux calculs répétitifs. Pour cela, on ajoute une valeur (appelée nonce) au bloc et on calcule son hash. S’il a la forme désirée, c’est le gros lot ! Sinon on recommence.
Ainsi, la moindre modification du bloc changera complètement la valeur du hash : pour obtenir une valeur de hash valide et acceptable, il faudra recommencer à rechercher la valeur du nonce, ce qui prendra beaucoup de temps de calcul. C’est cette difficulté qui fait l’intérêt de la règle : il est très difficile de modifier un bloc validé. Par ailleurs, les blocs étant chaînés, plus on avance dans le temps, plus il est difficile de revenir en arrière : si on modifie un bloc ancien, il faudra le valider lui (c’est-à-dire trouver une valeur nonce convenable) mais aussi tous les blocs qui le suivent chonologiquement. Valider un bloc prend déjà beaucoup de puissance de calcul, alors plusieurs, je vous laisse imaginer.
Transparence
L’atout majeur de cette technique est d’être transparente et décentralisée. Ainsi, tout le monde peut consulter la chaîne et voir ainsi toutes les transactions ayant été effectuées (depuis la création en général), et par un calcul simple en déduire le solde de n’importe quel portefeuille.
Cette transparence, associée au fait que la validation se fait sur la base d’une règle commune, publique, et décentralisée, empêche théoriquement toute manipulation de la chaîne
Anonymat
Un des grands reproches faits aux cryptomonnaies porte sur l’anonymat des détenteurs de portefeuilles, qui faciliterait le blanchiment d’argent ou qui aiderait à réaliser des transactions illégales.
Non, le bitcoin n’est pas anonyme
Je pense que la critique est recevable dans certains cas, pour certaines monnaies, mais on prend trop souvent en exemple le bitcoin alors que justement cette monnaie est un mauvais candidat pour des échanges criminels.
Dans ce type d’utilisation, les défauts du bitcoin sont :
- L’absence d’anonymat, justement : les portefeuilles ne sont que pseudonymisés, c’est-à-dire qu’ils ont un identifiant sans signification et sans lien direct avec le possesseur, mais les transactions sont publiques et tracées ! Il y a une différence subtile à comprendre, mais elle est de taille : on peut ainsi suivre toutes les dépenses et tous les transferts d’un compte donné, ainsi que tous les portefeuilles qui sont en lien avec lui. De plus, la plupart des plateformes d’échange (pour passer de bitcoin en monnaie sonnante et trébuchante) imposent de plus en plus souvent d’identifier le détenteur du compte.
- La volatilité du cours, qui empêche des opérations trop importantes ou étalées dans le temps, en raison du risque de change.
- Dans une moindre mesure la lenteur actuelle du réseau, alors que la fluidité peut concourir à faciliter la fuite et le masquage des transactions.
Des études ont analysé le processus de blanchiment, et l’usage du bitcoin reste l’exception.
Par exemple, dans l’attaque de la plateforme Akropolis en novembre 20201, le fraudeur a transféré ses fonds sur un portefeuille Ethereum, dont tout le monde peut suivre l’évolution dans la chaîne de blocs…
Peut-on quand même être anonyme ?
Oui, on peut, à peu près. Mais pas avec le bitcoin. Les criminels auront plutôt recours à d’autres cryptomonnaies plus adaptées : Monero2 est souvent citée comme meilleur candidate. Leur construction et leur fonctionnement ont été pensés de façon à rendre le plus anonyme possible les opérations (et les opérateurs), mais ce degré d’anonymisation dépend de chaque monnaie, et cela reste faillible3, même pour Monero. Rappelons-nous aussi qu’une blockchain est initialement un registre de transaction distribué, accessible à tous !
Quel est le meilleur moyen d’être anonyme ?
L’argent liquide. Rien de plus pratique : anonymat complet et aucun traçage par défaut.
Faut-il investir dans les cryptomonnaies ?
On peut le faire aujourd’hui, mais à une condition : n’investir que ce qu’on accepte de perdre. En d’autres termes, considérez votre investissement en cryptomonnaie comme perdu au moment même où vous investissez, en raison des incertitudes beaucoup trop nombreuses pesant sur ces monnaies.
Personne n’est en mesure de prédire comment évolueront les différentes réglementations et lois encadrant les placements financiers et les cryptomonnaies, ni la solvabilité d’aucun système d’échange. On a déjà vu des places d’échanges avoir de gros soucis, voire même disparaître. Et la valeur d’une cryptomonnaie dépend de l’appréciation que les investisseurs en ont, sachant que certaines de ces monnaies sont plus ou moins liées à un sous-jacent (une vraie valeur économique, qui n’est d’ailleurs pas forcément elle-même très sûre), alors que d’autres n’en ont même pas.
Les attaques sur les cryptomonnaies
Basée sur des outils informatiques, les cryptomonnaies sont forcément attaquables, plus ou moins facilement.
Attaque des 51%
L’attaque la plus connue pour les cryptomonnaies à preuve de travail est l’attaque des 51%. Le principe de la validation d’un bloc dans ce cas est simple : si la majorité des mineurs sont d’accord, alors le bloc est validé. Fort logiquement, si 51% des mineurs sont contrôlés par une seule entité, celle-ci peut décider ce qu’elle veut : modifier le bloc, le rejeter, etc. De nombreux pools de mineurs de bitcoin se sont scindés pour amoindrir le risque de cette attaque. D’autres cryptomonnaies, moins répandues, ayant moins de mineurs, sont beaucoup plus vulnérables et plusieurs attaques ont déjà été recensées, comme sur le VertCoin4 par exemple.
Sources
- https://bitcoin.fr/ny-touchez-pas/
- https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/les-cryptomonnaies-l-argent-des-criminels-862460.html Attention sur FinCEN : les banques déclarent leurs doutes sans stopper les transactions, mais il faut savoir que seule la justice peut arrêter une transaction suspecte ! On n’arrête pas une opération sur des soupçons mais uniquement si une des parties le demande (plainte).