Uber

Sacré Uber ! A leur sujet, je balance entre les pires des filous et les meilleurs bidouilleurs dans leur genre. Après une sombre histoire de batteries, les revoici encore pour nous montrer que leurs développeurs (ou ses cadres de vente) ont de sacrées idées !

L’histoire de la batterie

Tout çà ne serait qu’une boutade : Uber jure que l’information n’est pas utilisée pour de vrai. Avec des explications un peu confuses, on apprend sur le site npr.org1 que le chef marketing d’Uber a constaté que ses clients seraient enclins à payer plus cher une course quand leur smartphone est à court de batterie. On le comprend aisément : quand le téléphone va lâcher, on manque de temps pour faire sa réservation donc on accepte plus facilement ce qui est proposé2.

La question est : comment Uber sait que vous êtes à sec ? Simple : cela fait partie de ce qu’on peut savoir sur votre téléphone, par exemple s’il est en mode économie de batterie. Cela aide certaines applications pour continuer de fonctionner (elles peuvent ainsi désactiver des fonctions trop gourmandes en énergie), mais cela intéresse aussi le marketing. Autant le procédé est discutable, autant la trouvaille est toute en finesse.

Légal mais pas moral

Sans jeter l’opprobre sur Uber (bien que je n’apprécie pas vraiment cette société), ce subterfuge est légal mais pas très moral. Ce sont aux clients de juger, mais Uber avait déjà été interrogé sur les prix pratiqués lors d’une prise d’otages à Sidney3, où les personnes voulant s’éloigner de la zone dangereuse ont vu les prix flamber.

What’s that Hell ?

C’est pas rien, mais c’est pas tout : Uber surveillait (surveille ?) de près ses concurrents, au point de mettre au point un programme (appelé Hell4) de traçage des courses des autres sociétés, grâce à de faux clients demandant de fausses courses sur les vrais sites, afin de voir la disponibilité et les tarifs dont on peut supposer que la connaissance a pu influer sur la priorisation et le coût des courses proposées. Bilan : un procès à venir5

C’est pas rien, mais c’est pas tout (encore). Les révélations se succèdent : Uber aurait détourné l’usage de certaines techniques pour pister les smartphones d’Apple6, afin de voir quels utilisateurs enfreignaient la politique d’utilisation d’Uber. Certes, le but avoué publiquement est la lutte contre la fraude7, mais avec leur propre recette dirons-nous, et en enfreignant à leur tour les conditions d’utilisation de l’Apple Store8, y compris en utilisant un blocage géographique empêchant de voir le code litigieux depuis le siège d’Apple. Ce qui signifie qu’ils savaient donc très bien qu’ils étaient en dehors des clous.

Innovation ?

Uber fait preuve de grande ingéniosité et d’innovation même, pourrait-on dire. Oui, mais vu les résultats économiques peu probants910 et les procès à venir, je ne suis pas sûr que la stratégie soit la meilleure et que la multiplication des opérations à la limite de la morale vont finir par peser sur la société.

Encore des histoires

Et encore un truc pas net : des caméras qui traquent les concurrents11 pour voir où ils sont, quand ça n’est pas des clients, des chauffeurs, etc. Si tout n’est pas avéré ni confirmé par Uber (of course), rien n’empêche que ponctuellement de telles initiatives aient pu avoir cours, et qu’elles ne soient pas connues à tous les niveaux. L’employé en question semble s’être baladé en Australie et à Singapour. Le logiciel employé aussi (Surfcam).