L’humour est en train de s’éteindre, au nom du politiquement correct. Le dessinateur X. Gorce a annoncé ne plus vouloir travailler pour le journal Le Monde, suite à la polémique créée par ce dessin, et j’avoue que je le comprends. Peu importe qu’on apprécie son travail ou pas, le problème n’est pas là. « Les réseaux sociaux font la loi », fustige un autre paria (A. Finkielkraut). Ce dernier est parfois très maladroit, il se trompe même de temps en temps, mais au moins il pense et il réfléchit. Il cherche, il nuance, et se prend régulièrement des insultes et autres menaces parce qu’il ne dit pas ce que certains veulent entendre.
Le penseur pense, mais honte à lui s’il ne pense pas comme il faut ou s’il dit une ânerie. L’humoriste rit, mais malheur à lui s’il est impertinent, même sans être méchant. Il suffit donc que quelques internautes bondissent derrière leur clavier pour faire taire la pensée et le rire. Certains montent sur leurs grands chevaux quand on parle de l’emprise des GAFAM, mais que dire de la tyrannie de ce politiquement correct, de cette bien-pensance imposée ?
Omar Sy s’est fait traiter de raciste parce qu’il a fait un sketch parodique sur une « doudou » et un des « commentateurs » (avec des guillemets et des pincettes) a écrit :
– « La honte on est en 2020 quand même il existe 45567 manières d’être drôle hein »
Et bien non, avec des réflexions de cet acabit, il ne va guère rester plus que 2 (ou maximum 3) façons de rire, et notre monde va devenir bien triste. A propos du monde, revenons au journal : va-t-il désormais retirer tout article où un individu serait mis en cause, de peur qu’il ne se vexe ou qu’il ait des ennuis avec la justice ? Tout le monde a oublié Charlie ?
