Bulle internet

Dernière mise à jour : 15/11/2020

Les bulles internet sont récurrentes. L’aveuglement face au profit immédiat et la méconnaissance profonde de l’activité des entreprises informatiques concourent à l’émergence régulière de bulles en fonction de périodes, au gré de technologies ou des modes.

Valorisation des technologiques

Je me suis amusé à comparer les grosses entreprises technologiques et les entreprises traditionnelles, en mettant en regard le chiffre d’affaire et la capitalisation boursière, laquelle est le reflet de ce qu’imaginent les investisseurs comme étant la valeur de l’entreprise. Je dis bien imaginer et non évaluer, laquelle devrait se baser sur des éléments les plus objectifs possibles.

SociétéCapital*CA*RatioCommentaires
Facebook5333415,6La plus grosse surévaluation (jusqu’à quand ?)
Apple9101914,8Ratio bas, mais Apple vend des produits industriels
Google796928,7Fintech classique
Amazon7651485,2Ratio bas, mais propose des services physiques et informatiques
Microsoft722759,6Même Microsoft est typique des entreprises fintech !
SociétéCapital*CA*RatioCommentaires
Michelin22221,0Société industrielle classique
Société Générale35241,5Etablissement financier
Airbus74661,2Industrie de pointe
Total1231430,9Secteur pétrolier
ENGIE32650,5Energie, CA très supérieur à la capitalisation
Carrefour13780,2Commerce, idem à ENGIE (acheter ?)
L’Oréal100263,8Luxe, ratio peu commun dans le CAC40
PPR/Kering48153,2Luxe, également atypique

* En milliards de dollars ou milliards d’euros.

Tragicomédie

Je ne me réjouis pas des cas de faillites de start-up ou des pertes parfois très lourdes qu’occasionne cet amateurisme dans la gestion des entreprises et dans le milieu financier. D’autant plus que parfois les entreprises ont réellement des capacités industrielles, des idées, des produits, etc. Mais force est de constater qu’une mauvaise appréciation de la valeur d’une entreprise peut conduire à de fortes corrections (au mieux) ou des faillites (au pire).

Nokia, société pourtant réputée avant-gardiste et novatrice, va laisser des plumes suite au rachat de la start-up française Withings1 achetée bien trop cher. Deux ans après l’avoir acquise pour 170 millions d’euro (et avoir également fait des erreurs stratégiques comme supprimer la marque), l’entité n’en vaudrait plus que 30 en 2018, voire moins dans le scénario d’une revente à des repreneurs.

Autre approche de la bulle

Pour d’autres, la bulle est constituée par la publicité en ligne, qui est pourtant le moteur des modèles économiques des sociétés technologiques (je veux dire : celles qui survivent et qui gagnent de l’argent).

Source : https://thecorrespondent.com/100/the-new-dot-com-bubble-is-here-its-called-online-advertising

Dans certaines études sur l’efficacité de la pub en ligne, on s’est rendu compte que le gain n’était pas si flagrant. Il y a même eu un cas où eBay a carrément stoppé d’acheter chez Google des publicités pour son site web. Résultat ? Aucune différence. Oui, je répète : aucune différence de fréquentation avec ou sans publicité. Alors, quel intérêt à payer de la pub ?

Néobanques et fintechs

Encore des bulles. Favorisées par l’inepte DSP2, les néobanques ont un modèle économique stupide basé sur… la conquête du client ! Or ce qui ressort de différentes études, et de l’expérience empirique qu’on peut avoir de l’usage de l’informatique, c’est qu’à moins de s’appeler Google ou Apple, les usagers sont de plus en plus volatiles. Dès lors, comment espérer construire un modèle basé sur le fidélité des clients ?